Petit concentré d’écologie

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Premières violettes de mars! Le printemps est de retour

Savez-vous ce qu’est l’écologie ? L’écologie scientifique ? Vous avez sûrement au moins une vague notion que ça a rapport avec l’étude de l’environnement. Les petits oiseaux, la pollution de l’air, la surpêche dans les océans, etc… L’écologie, la science de ce qu’on fait de mal à la planète ? Je vous invite pour une petite balade dans mon jardin, vous allez voir c’est bien plus que cela!

Posons le décor : Je vis en ce moment à la campagne, j’ai la chance de pouvoir profiter d’un jardin de plusieurs centaines de m². Je n’ai pas encore recommencé à tondre cette année, et on n’utilise pas de produits phytosanitaires. En vérité, on laisse même des zones sans entretien, pour voir ce que ça donne !

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Hier il faisait relativement beau, j’en ai profité pour faire un petit tour d’inspection, et voir ce qui pointait le bout de son nez dans la pelouse. Je vous ai fait quelques clichés, vu du dessus. En écologie on pourrait appeler ça des « quadrats », des rectangles distribués ça et là dans le paysage, dont on étudie la composition. Ce qui est fascinant, c’est qu’au sein même de mon jardin, on peut trouver des quadrats très différents les uns des autres, alors qu’ils ne sont séparés que de quelques mètres !

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Qu’est-ce qui gouverne ces variations ? Pourquoi puis-je trouver des amas de trèfles à certains endroits, un gazon dense à d’autres, ou des petits massifs fleuris de véroniques juste à côté ? Dans quelle proportion puis-je trouver chacun? Ce type de question pris à une plus large échelle; pourquoi telle espèce pousse dans telle région mais pas telle autre ; ont été celles des pionniers de l’écologie scientifique, aux alentours du XIXe siècle. Et elles continuent d’occuper les chercheurs de nos jours. C’est que le nombre de facteurs potentiels à prendre en compte est phénoménal !

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Des véroniques à gauche, des trèfles en bas à droite, du gazon en haut à droite. Qu’est-ce qui détermine ces frontières? Sont-elles stables où vont-elles bouger au fil des semaines?

Un des premiers éléments à considérer est : comment une espèce donnée a-t-elle les possibilités de coloniser un endroit donné ? Il faut bien que les pousses viennent de quelque part ! Mon jardin m’a donné une bonne illustration d’un des processus de colonisation possibles, regardez ci-dessous, le gazon s’étend de proche en proche:

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Ensuite se pose la question de savoir comment une jeune colonisatrice parvient à se maintenir dans les zones colonisées : y trouve-t-elle assez de nutriments, d’éléments pour survivre et se reproduire ? Cela va dépendre du sol sur lequel elle pousse, du climat, de la densité des voisins, de la présence d’herbivores, etc…  Comment gère-t-elle l’arrivée de nouveaux colonisateurs ? Peut-il y avoir des « collaborations » entre espèces pour faciliter leur maintien, voire des inter-dépendances (symbiose) ? Comment les espèces résistent-elles aux perturbations extérieures, comme le piétinement par exemple?

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Une autre question qui surgit de mes observations du jardin: pourquoi certaines espèces comme les véroniques étaient-elles déjà en fleurs à la fin février, alors que la plupart des autres plantes ne pointent encore que leurs feuilles en ce début de mars ?

Si vous êtes habitués du Saule Causeur, vous avez peut-être déjà des pistes de réponses, avec ce qui se passe dans les sous-bois. L’écologie scientifique peut puiser de nombreuses explications via la théorie de l’évolution darwinienne, c’est à dire par la sélection qui s’opère naturellement entre individus en compétition pour des ressources limitées !

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Fleurs de véroniques, parmi les premières à sortir dans mon jardin!

Enfin, on peut aussi se demander, au sein d’une même espèce, pourquoi par exemple tel pied de séneçon est déjà en fleurs, mais pas son voisin? Est-ce que différents individus répondent différemment aux mêmes conditions environnementales, ou bien serait-ce que chaque individu fait face à des micro-variations à très fine échelle dans les conditions environnementales ?

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est-ce la proximité immédiate d’autres pousses autour du séneçon de gauche qui l’a poussé à fleurir plus tôt que celui de droite? Il nous faudrait d’autres points de comparaison pour établir une corrélation fiable!

En fait pour résumer, l’écologie, comme la biologie avec laquelle les frontières sont très floues, part souvent du constat de l’immense variabilité des formes de vie qui nous entourent, et cherche les lois et régularités derrière ces variations. J’ai aujourd’hui délibérément posé plus de questions que je n’ai apportées de réponses. N’allez pas croire que cela reflète l’état des connaissances de la discipline (vous pouvez parcourir nos autres articles pour vous en convaincre). Il y a par ailleurs pleins de questions que je n’ai pas abordées (notamment sur l’écologie animale). Je souhaitais surtout vous montrer que sans le savoir, vous vous êtes probablement déjà posé des questions d’écologues ! Le terme d’écologie pris au sens étymologique signifie « sciences de la maison » ou « sciences de notre habitat ». Il fallait donc commencer par là et se cultiver dans notre jardin !

Un autre point que je voulais vous montrer, c’est que dans mon jardin, où nos interventions de gestion ont été somme toutes limitées, on a pu voir s’organiser spontanément des mini-systèmes différents les uns des autres, dynamiques, obéissant à leurs lois propres. Personne n’a œuvré pour que j’ai des massifs de trèfles ou de véroniques dans le jardin, les conditions ont fait qu’ils se sont développés là.

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et vous, que voyez-vous à vos pieds? Des espèces à identifier, des herbes à déraciner, des processus à comprendre pour mieux cohabiter?

Là où selon moi l’écologie scientifique rejoint pleinement l’écologie politique, c’est dans la conviction qu’on a tout à gagner à travailler en s’inscrivant dans ces lois plutôt qu’en les négligeant, pour minimiser sur le long terme les efforts à fournir de notre côté. Si cela peut permettre de conserver ces sources d’émerveillement qui vivent leur vie à nos pieds, que demander de plus ?

 


Pour creuser davantage les questions fondamentales de l’écologie scientifique, l’histoire de la discipline, et les liens avec l’écologie politique, vous pouvez lire le recueil d’Ariane Debourdieu: Les Grands Textes Fondateurs de l’Ecologie. Pour les anglophones passionnés qui veulent aller plus loin sur la partie histoire des sciences, allez voir les articles de Franck Egerton!

Et pour les curieux d’identification, je vous donne ici mes pistes d’identification des plantes observées dans les quadrats (dans l’ordre des photos), vérifiez les commentaires j’ai pu me tromper :1. Gazon et quelques feuilles probablement de géraniums ; 2. Gaillets ; 3. pâquerettes, lamier rose (en fleur au bas de l’image), Erodium (feuilles découpées centre droit de l’image) et une rosette de feuilles que je n’ai pas identifiée ; 4. Des mousses… ; 5 achillées mille-feuilles et quelques trèfles ; 6. trèfles communs. N’hésitez pas à me compléter/corriger en commentaires!

2 Comments

Collet says:

Salut Julien,
Petites infos pour compléter cet article captivant!
1-geranium ou potentille?
3-plantago lanceolata? Et Daucus carota
5-Achillea millefolium
Bonne journée


Julien C says:

Salut,

merci pour ces propositions de correction!

J’ai corrigé pour l’achillée, que j’avais oubliée; pour les autres je vais voir ça dans le guide.

à bientôt!


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