Le flamant aux genoux roses
C’est une histoire de coïncidences.
Tout d’abord, je lisais ce post de blog, où l’auteure nous parle de toutes les espèces de flamants du monde, plus ou moins roses. Que voulez-vous, si ça parle d’oiseaux je n’y résiste pas…
Puis le weekend suivant, me voilà en Camargue avec des amis, à la recherche essentiellement de bécasseaux (si si les bécasseaux, je vous en ai déjà parlé).
Sauf qu’en Camargue, il y en a des flamants roses. Beaucoup. Tellement qu’on finit par oublier de les regarder… Jusqu’à ce qu’on croise un ornitho (comprendre: un autre observateur d’oiseaux) qui repart dans l’autre sens, et nous lâche en passant:
« si vous voulez, là-bas, il y a un flamant du Chili. » Regard incrédule. « Il a les genoux* roses. » Deuxième regard incrédule.
Nous n’y croyons d’abord pas. Un flamant du Chili? Est-ce que cet observateur n’aurait pas trop abusé du post de blog sus-nommé? Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de genoux roses? Nous regardons aux jumelles, histoire de vérifier.
Effectivement, il a les pattes grises mais les genoux roses ce flamant! Et puis ce noir au bec, il remonte plus haut que d’habitude (ou plus bas, avec leur bec à l’envers on ne sait plus par quel sens les prendre ces flamants !). Sans compter sa belle couleur rosée, plus intense que ses voisins. Mais tout de même, un flamant du Chili?
Nous reprenons notre route, sans trop savoir que penser de cet individu. Débat dans la voiture. Quelques centaines de mètres plus loin, le doute est trop grand. Est-ce que le fidèle guide ornitho n’aurait pas quelques lignes sur le fameux flamant du Chili, quand bien même cette espèce n’aurait rien à faire en Europe? Eh bien figurez-vous que si, ce guide me surprendra toujours!
Confirmation: le flamant aux genoux roses est bien un Phoenicopterus chilensis, flamant du Chili, plus rose que rose !
Il n’a pas traversé l’Atlantique de lui même pour autant: très probablement il s’agit simplement d’un individu échappé de captivité (bien qu’aucune bague ne soit observée à sa patte) et retourné à la vie sauvage. Il y aurait ainsi également des flamants des Caraïbes observés de temps en temps dans le sud de la France. Ainsi que des flamants nains. Pour cette dernière espèce, le doute est permis néanmoins: ils vivent en Afrique, ainsi un égaré sauvage reste plausible (bien qu’extrêmement rare, la plupart des individus observés sont effectivement des anciens de parcs zoologiques)!
En conclusion, et comme toujours: pour observer, il faut commencer par ouvrir les yeux!
* On notera d’ailleurs qu’anatomiquement ces « genoux » sont en fait des « chevilles », avec en dessous un tarso-métatarse allongé comme chez la plupart des oiseaux (des os qui chez nous forment le pied, donc)!
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