Dame nature prolonge les fêtes
Janvier est là… l’euphorie des fêtes de Noël retombe progressivement alors les repas se font moins copieux. Les décorations disparaissent que ce soit à la maison ou dans les rues. Au placard guirlandes, boules, étoiles et chaussettes rouges. Elles regagnent peu à peu leur boite jusqu’à l’année prochaine. Alors que certains préfèrent tout ranger dès le premier de l’an, d’autres font traîner cela en longueur pour faire durer un peu la magie de Noël ou alors pour remettre à plus tard une corvée somme toute pénible. Mais finalement peu importe le tempo, c’est inexorable, tout doit disparaître. Vraiment tout ? Pas tout à fait… ce serait sans compter dame nature qui décide elle de jouer les prolongations pour les promeneurs du dimanche.
C’est ce que j’ai pu constater la semaine dernière lors d’une petite balade au bord de la Garonne à Muret près de Toulouse. Au détour d’un chemin, je suis tombé sur un magnifique champ de petites clochettes blanches.
Ces fleurs aux allures de décoration de Noël qui égaient le sous-bois et les prairies en plein hiver sont des perces-neiges (Galanthus nivalis). On peut les rencontrer dans presque toute la France même si elles ne sont pas si communes. Elles sont d’ailleurs protégées au niveau européen.
Certes les perces-neige sont remarquables par leur beauté mais elles le sont encore plus par leur floraison précoce. En effet, une reine de beauté, aussi jolie soit-elle, attirera beaucoup plus l’attention dans la salle commune d’une maison de retraite qu’au concours de miss univers. Dans la grisaille hivernale les petites clochettes blanches sont immanquables ! Cependant cela pose une question. Les fleurs de perce-neiges sont pollinisées par des insectes, or, en hiver ceux-ci se font rares… dans ce cas pourquoi fleurissent-elles si tôt dans l’année à un moment où il y a si peu d’insectes ? La clé de cette énigme se résume finalement à un pari. Il arrive que certains pollinisateurs comme les abeilles sortent lors des belles journées d’hiver, histoire de se dégourdir les ailes et de se nourrir. Il y en a peu mais à cette saison il y a encore moins de fleurs. Au printemps l’affaire est bien différente, les pollinisateurs sont plus nombreux mais les fleurs aussi ! Comme miss France dans une maison de retraite, les perce-neiges ont une concurrence quasi nulle en hiver. Si d’aventure une abeille passe par là, elle n’aura guère le choix. Encore faut-il qu’une abeille sorte me direz-vous ! Mais les perce-neiges peuvent prendre ce risque. Quand bien même elles ne peuvent pas produire de graine une année, elles pourront malgré tout se reproduire de manière asexuée grâce à leurs bulbes souterrains.
Dame nature, en voulant prolonger la féérie de Noël, nous offre une bien belle observation et plus encore. Lors de la même promenade j’ai été tout étonné de rencontrer une autre curiosité. Après les clochettes voici les perles !
Imaginez ma surprise de trouver sur des tiges grisâtres et desséchées de magnifiques petites perles nacrées.
Ces petites merveilles sont les fruits du Grémil officinal (Lithospermum officinale) aussi appelé pour une raison évidente « herbe aux perles ». Cette plante porte d’ailleurs aussi bien son nom en latin qu’en français puisque lithospermum du grec lithos (la pierre) et sperma (la semence) veut littéralement dire « semence de pierre ».
Avis donc à ceux qui voudraient prolonger le temps des fêtes par une petite promenade : « vous savez ce qu’il vous reste à faire! »
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