Sur ma terrasse

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Un rougequeue noir

Sur ma terrasse, il y a des rougequeues, des noirs. Pas beaucoup, un de temps en temps qui longe les tuiles et les barres de métal des balcons, aux prises parfois avec le moineau du coin. Parfois une femelle, parfois un mâle, les deux toujours curieux mais toujours inquiets. Sauf quand ils dorment sur le cadre de la fenêtre du voisin, alors on se relaxe tout les deux en regardant les étoiles, emmitouflés dans la torpeur du soir languedocien. Oh, ce ne sont pas grand chose ces rougequeues finalement, s’ils disparaissaient entre deux tuiles le monde de ceux qui les regardent ne seraient pas si différent.

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Un gros goéland (leucophée)

Sur ma terrasse, il y a le gros goéland d’en face. Il est là, il surveille ce qu’il se passe, la tête dans les martinets. Nos regards se croisent souvent quand il fait quelques tours en planant avant de rejoindre son antenne râteau. Il prend des airs, de l’air et lance un appel tout d’un coup pour crier au monde quelque chose, et je suis bien embêté car le plus souvent je ne vois pas bien où il veut en venir. Je crois que son voisin humain du dessous non plus car il lance des regards rageur vers le ciel. Il serait bien content d’être plus tranquille apparemment, il faut croire qu’il a ses dimanches sabordés par des cocoricos de la côte.

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Sur ma terrasse, il y a les martinets. Alors eux ils volent, c’est leur truc. Pendant des mois. Souvent ils crient, des iiiii stridents qui glacent le sang des sensibles. J’adore, quel spectacle le soir de voir ces ombres filer sur le chaud des façades… Parfois ils passent si près qu’en fermant les yeux, on arrive à entendre le vrombissement de leurs ailes. Mais ils nichent sous les toits. Et ils crient. En face, ils font la jonction entre le gros goéland et le vieux bonhomme sous le toit. Ah tiens, le voilà encore à sortir avec un balai pour taper dans ses tuiles.

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Un martinet noir

Peut être tout ces joyeux piafs ne seront plus là dans quelques dizaines d’années. Les bâtiments auront peut être changés, pour des murs plus lisses et des toits moins crevassés: plus neufs, moins habitables. Moins de voisins, plus de silence. Peut être disparaitront-ils ? Peut être seront-ils remplacés par d’autres chanteurs ? Sur ma terrasse, il y aura peut être des perruches ? Elles nichent déjà dans les grands arbres des boulevards, alors pourquoi pas dans le grand murier d’en face. Il y aura aussi peut être des Capucins ? Il ne leur reste plus qu’à traverser le Rhône.

Ces petits plaisirs naturalistes du soir sont peut être plus éphémères que l’on ne le croit. Bien malin qui saura prédire qui peuplera nos villes dans quelques dizaines d’années, quand le climat et les villes auront changé. Mais ce n’est pas forcément une si mauvaise chose: on grandit, on change et la nature avec nous. Alors profitons simplement de nos voisins qui passent aujourd’hui en attendant ceux de demain, les pieds sur ma terrasse et une tisane à la main.

 

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Un rougequeue noir

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