La piafologie des yeux fermés (I) 3
Il est cinq heures du matin. Enfin je crois, parce que cela fait deux fois que j’éteins mon réveil qui sonne désespérément dans le vide. Je fais quelques pas dans le brouillard jusqu’à la cafetière, puis encore quelques-uns dans le noir jusqu’à ma voiture. Direction: un sommet de Chartreuse dont le choix occupera mes pensées jusqu’à l’arrivée au parking. Arrivé sur place, quelques rayons de lumière commencent à percer et me permettent de m’équiper. Je commence à peine à émerger, mais tout le monde est déjà en place pour le concert.
Commençons à monter le chemin, large, boueux et irrégulier, en regardant mes pieds et les pierres sur lesquelles je les pose. Certains comparent l’expérience de la marche en forêt à celle de marcher dans le brouillard. La perception est réduite et il est impossible de voir bien plus loin que les quelques arbres devant vous. Hormis l’ouïe, rien ne permet de percevoir à distance.
En bas dans la forêt, un pic noir lance son cri. Quelques mésanges piaillent et chantent dans les jeunes sapins en bordure de chemin. Tout deux commencent leur période de reproduction. Nous sommes en mars. L’année passée, le peu de neige aurait pu avancer cette date à février. Quelques cris de chocards sont poussés et signalent une falaise proche quoiqu’invisible.