Le petit empereur et le cytinet 2
Un jour alors que j’étais perdu dans le maquis Corse je décidai de m’arrêter pour la nuit à l’abri dans une petite niche entre deux énormes blocs de granite.
Je m’endormis donc sur le sol caillouteux à mille milles de toute terre habitée. J’étais plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de voix avec un accent curieux m’a réveillé. Elle disait :
« S’il te plaît dessine-moi une plante. »
J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire avec un bicorne et une main sur la poitrine qui me considérait gravement. Pris au dépourvu par cette requête je cherchai à tâton mon carnet et mon crayon tout en détaillant l’étrange apparition. Électrisé par son regard sévère plein d’une insistance muette je me saisis enfin de mon matériel de dessin et je m’exécutai.